Introduction : L'hyperthyroïdie clinique affecte 0,1% à 0,4% des grossesses. En cas de maladie de Basedow maternelle, le fœtus peut être sujet à des complications ainsi qu’au risque d’hyperthyroïdie néonatale lié au passage transplacentaire des anticorps anti récepteur de la TSH (TRAb). Une hypothyroïdie fœtale est possible par le passage des antithyroïdiens de synthèse (ATS) ou des anticorps antirécepteurs de la TSH (thyroid stimulating hormon) de type bloquant. Peu d’études sur ce sujet ont été menées en Afrique.

Objectif : Déterminer le profil épidémiologique de l’association maladie de Basedow et grossesse, décrire les particularités cliniques et évolutives mais aussi évaluer le pronostic materno-fœtal et les facteurs associés.

Méthodologie : Il s’agissait d’une étude rétrospective à visée descriptive réalisée du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2022 sur une cohorte de 189 patientes âgées entre 13 et 46 ans.

Résultats : Deux-tiers des femmes avaient au plus 3 grossesses (65,18%) et 29,23% étaient des multipares. Concernant les antécédents, 29,6% des mères avaient fait au moins un avortement. Une dysthyroïdie familiale a été retrouvée chez 26 mères. Le diagnostic de maladie de Basedow était connu avant la grossesse dans 147 cas (77,77%). Plus d’un tiers (36,7%) avaient une maladie de Basedow évolutive avant la grossesse. Chez 22,22% des patientes, le diagnostic de Basedow a été posé en cours de grossesse. Le délai entre le diagnostic et la survenue de la grossesse variait entre 1 mois et 10 ans avec une moyenne de 184 semaines (pour les patientes dont le diagnostic de la maladie de Basedow a précédé la grossesse). La majorité des mères (84,4%) était sous thiamazole à dose ≥ 5mg/J avant la grossesse. Une dose d’ATS > 5 mg/j était constatée dans respectivement 87% au second rendez-vous, 90,3% au second rendez-vous, 88,9% au troisième rendez-vous et 95,8% au dernier rendez-vous. Environ, 11,23 % des grossesses ont eu comme issue un avortement ou une mort in utero. Toutefois, cent cinquante- neuf (159) grossesses (85%) étaient évolutives jusqu’à l’accouchement. En fin de grossesse, des complications étaient notées chez 28 parturientes (14,97%). La prématurité représentait 25% des complications. La voie basse simple était le mode d’accouchement le plus fréquemment retrouvé (82%) contre 18% de césariennes. Le poids de naissance variait de 900 g à 4700 g, avec une moyenne de 2775,6 g. La plupart des nouveau-nés étaient eutrophes (61,32%).

Conclusion : L’association maladie de Basedow et grossesse ne semble pas fortuite dans notre contexte ; avec des formes de découverte fortuite. L’association est à risque par le fait de la dysthyroïdie, l’auto-immunité et l’iatrogénie.

Mots clés : maladie de Basedow - grossesse - antithyroïdien de synthèse - centre hospitalier Abass Ndao.